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gens affluaient au café, empressés, aimables et prévenants.
C'est dans cette vénérable compagnie que s'écoula la pre
mière soiree que nous passames a Edam. Le lendemain,
de bonne heure, nous reprünes notre promenade a travers
la ville, et cette fois, comme il faisait beau, la superbe
avenue, dont la veille nous avions critiqué 1'étendue, fut
réhabilitée dans notre esprit. Cette avenue conduit jusqu'au
centre de la ville, c'est-a-dire jusqu'au Stadhuis. L'hötel
de ville, bien qu'il soit de construction récente, car il ne
remonte qu'a 1737, est un gentil édifice, que gate un
peu un clocheton a colonnettes peint en gris et en rose,
et qui a tout 1'air d'une pièce de patisserie. A 1'intérieur,
il est bien distribué, convenablement décoré, commode et
tel enfin qu'on pourrait en souhaiter un a mille autres
municipalités. Les murs étaient jadis couverts de sculptu-
res agréables, mais 1'annuelle couche de badigeon leur a
enlevé toute forme et toute saillie. Au premier étage, on
conserve quelques tableaux.
Deux portraits équestres, représentant les princes Maurice
et Frédéric—Henri, sont des oeuvres d'une honnête qualité,
du moins autant qu'on en peut juger par ce qui reste, car
1'un et 1'autre sont dans un pitoyable état. Dans la même
pièce se trouve encore un troisième tableau, qui peut
donner une idéé de la prosperité passée de la ville d'Edam.
C'est le portrait d'un armateur du dix-septième siècle,
J. Osterlin, qui en 1682 chargea un assez mauvais artiste,
du nom de J. Molenaer, de le représenter, lui Osterlin,
entre son fils et sa fille, et montrant du doiat les quatre-
vingt-douze batiments qu'il possédait tant sur le Zuider-
zée que sur la mer du Nord. Ces trois morceaux de pein-
ture, qui ont un intérêt indiscutable au point de vue de
1'histoire locale, ne sont cependant point en possession
des bonnes graces de la municipalité; aussi les revèque-t-
on dans une chambre a peu prés dénudée et démeublée. Et
messieurs les échevins et conseillers font les honneurs de
la salie des séances a trois grandes machines, qui seraient
bien mieux a leur place sur les barraques de kermesse que
dans la salie du conseil. Ce sont en effet les portraits en